LA GRÂCE POLITIQUE DU MONASTERE
LA GRÂCE POLITIQUE DU MONASTERE
Une utopie pour notre temps
TIMOTHEE DE RAUGLAUDRE
Ed. du Seuil 2025 - 315 p.
Les modes de vie de beaucoup de monastères s'appuient pour l'essentiel sur la Règle de saint Benoît et il est connu qu'un certain nombre d'entreprises s'y sont intéressées car les valeurs mises en avant favorisent le vivre ensemble dans la durée pour que le groupe fonctionne au mieux dans le respect de chacun. Le but final poursuivi n'étant pas le même évidemment pour les communautés monastiques.
Est-ce utopique de respecter une certaine hiérarchie tout en tenant compte de chacun, d'avoir le souci mutuel des uns et des autres , d'avoir un projet commun qui suppose contraintes et bienfaits ?
Cette « grâce monastique » est-elle réellement transposable dans le monde des entreprises et plus largement même là où il y a communauté de vie familiale, associative, actions politiques ?
On sait combien la parole-clé de l'Evangile « Aimez-vous les uns les autres » qui ferait presque, en théorie l'unanimité, se révèle hautement complexe à mettre en œuvre.
Que signifie, concrètement, mettre ses biens en commun et renoncer à la propriété privée ? Ou encore participer à l'exercice d'un pouvoir délibératif ? La sobriété écologique a-t-elle à apprendre des monastères ? Quelle valeur acquerrait le travail s'il était apprécié indépendamment de sa productivité, comme c'est le cas pour les moines et les moniales ? Quelles perspectives ouvre, dans le contexte de la « crise migratoire », l'hospitalité inconditionnelle ?
L'auteur de ce livre est parti à la recherche de cette expérience au cours d'une enquête à la fois historique et contemporaine, auprès d'hommes et de femmes de diverses communautés françaises.
Des pratiques que jamais l'auteur ne pose en modèles, mais dont il montre la fécondité et la puissance libératrice.
DG
Extraits
- Cette condamnation persistante de la propriété détonne plus que jamais à l'ère capitaliste. Le monastère est organisé selon une « économie de subsistance » qui « ne recherche pas l'accumulation du superflu » et préfère être adepte du temps long plutôt que de céder à l'immédiateté. (p.111)
- La racine de tous les maux, c'est l'amour de l'argent. Pour s'y être livrés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont transpercés l'âme de tourments sans nombre. Pour toi, homme de Dieu, fuis tout cela. Poursuis la justice, la piété, la foi, la charité, la constance, la douceur. (Saint Paul, lettre à Timothée 6, cité p.115)
- Le monastère refuse la hiérarchisation opérée par la modernité. Entre les différentes tâches que recouvre le terme « travail ». Dans une même communauté, les moines et les moniales peuvent être amenés à exercer tout type de travail à un moment ou à un autre. Et ce, peu importe leurs études, les métiers qu'ils ont pu exercer ou leurs compétences... Aussi le travail monastique parvient-il à abolir l'antique division opérée entre tâches manuelles et intellectuelles. (p.151 . 153)
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