VIVRE AU RISQUE DE L'AUTRE

 VIVRE AU RISQUE DE L'AUTRE

La Bible contre l'identitarisme

Anne-Marie PELLETIER

Ed. Desclée de Brouwer, 2025 – 238 p.

 

Anne-Marie PELLETIER est agrégée de Lettres, docteur en sciences des religions, professeur honoraire des Universités. Outre ses travaux bobliques, elle est l'auteur de plusieurs livres sur les femmes dans l'Eglise.

Il ne fait pas bon de vivre seul et pourtant l'auteur nous démontre en quelque sorte dans ce livre que la confrontation à l'autre, dès les origines, présente des risques. Quand Dieu crée Adam et Eve, il assure que l'autre nous est indispensable et complémentaire, mais qu'il va falloir lui faire une place.

« Elargis l'espace de ta tente » invite le prophète Isaïe (Is 54,12) . C'est effectivement élargir notre horizon, accueillir les différences qui peuvent nous enrichir tout en étant parfois de rudes épreuves.

Anne-Marie Pelletier, dans les six premiers chapitres de son livre, creuse largement cette notion de l'autre enracinée, entre autres, dans l'histoire d'Israël, pour passer ensuite au message du Nouveau Testament, accomplissement , « dilatation » de l'Ancien. Jésus va effectivement vivre sa mission au risque (mortel) de l'autre, faute d'être accueilli et compris.

Et comment « consentir à ce que notre temps soit a-religieux ? » Miséricorde, fraternité sont des mots-clés de la vie de l'Eglise , être dans le monde et non pas du monde, un chemin de liberté qui nous ouvre « à l'ampleur du cœur de Dieu. »

La lecture de ce livre riche en références bibliques nous fait parfois perdre le fil du sujet qu'on attendait plus concret, mais l'auteur va surtout aux racines du problème et ces réflexions intéresseront peut-être davantage les chrétiens déjà bien initiés.

DG

Extraits

  • Il reste que se tenir en présence d'un autre, c'est s'exposer à lui, accepter de devenir vulnérable à sa volonté. Et cela vaut évidemment pour commencer de la rencontre de Dieu et de l'être humain. Dieu prend le risque de l'homme. Tout simplement déjà parce que parler implique de parler le langage de l'autre. (p.20-21)

  • [L'histoire de la tour de Babel] devrait s'interpréter avant tout comme la figure, version biblique, de la démesure orgueilleuse... La sagesse grecque oppose à cet orgueil humain l'acceptation de la mesure. L'humanité n'est vraiment elle-même qu'en consentant à sa limitation, qu'en se réglant sur une justesse de la mesure. (p.49)

  • Reconnaissons qu'il y a des situations où le beau principe de l'accueil de l'autre sans condition peut devenir inaudible pour qui est aux prises avec un autre qui se pose résolument en ennemi, ou qui fait simplement de sa différence une provocation ou une agression. (p.82)

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